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Message  Paullaurent Lun 5 Déc - 10:11

Le saint-simonisme


À l’aube de la Révolution industrielle se développe dans toute l’Europe une multitude de doctrines socialistes en réaction au «cri de douleur» (Durkheim), à l’injustice sociale et à la paupérisation des masses (la pauvreté est vue comme une maladie sociale, la réduction des individus harassés par le travail à une misère sans espoir), à ce capitalisme égoïsme et brutal dominé par l’argent et les rapports de force conflictuels.

Ce socialisme sera dit «utopique» ou «conceptuel» étant donné la déconnection entre les systèmes élaborés et la réalité économique.

Ces pensées socialistes restent toutefois très diversifiées et parfois même contradictoires, avec des divergences sur le rôle de la religion et de l’Etat notamment.

L’impact de ce foisonnement idéologique sur les masses est à nuancer : Labrousse parle d’un décalage entre «la grandeur de l’idéologie et la faiblesse du mouvement».

En France, le courant précurseur et majeur du socialisme utopique est le saint-simonisme sous la plume du comte de Saint Simon dont le personnage est indissociable de l’oeuvre. Influencé par l’oeuvre des Lumières, il se joint aux révolutionnaires jacobins après avoir défendu «la liberté industrielle de l’Amérique» en combattant aux côtés des Insurgents. Multipliant les affaires, il commencera dès 1803 la rédaction de sa doctrine et bouleversera le paysage politique avec une pensée novatrice (I) dont l’influence se fit sentir tout au long du XIXème siècle (II).

Le saint-simonisme : une vision innovante et scientifique de la société

Le courant philosophique : l’industrie comme fondement de la société

le scientisme saint-simonien

Saint-Simon considère l’Histoire comme scientifique, faîte de périodes «organiques» et de périodes «critiques» auxquelles l’Homme ne peut échapper.
Or, les mutations industrielles et techniques sont le moteur de l’Histoire. En effet, le déclin de la noblesse semble indissociable de la découverte de la poudre à canon qui permit à chacun d’assurer sa propre défense et de relativiser l’importance des seigneurs.
«L’Histoire est repensée en fonction du développement industriel» Jacques Droz.

le rôle majeur de l’industrie

«La société toute entière repose sur l’industrie», elle est «la source unique de toutes les richesses et de toutes les prospérités» ; le but principal de toute société est donc d’augmenter la production des richesses (non pas d’assurer une meilleure redistribution des ressources), rendu possible par la concentration industrielle et financière.
En revanche, la bourgeoisie rentière et la noblesse sont inutiles car elles ne produisent rien.
La Parabole (1819) reste d’ailleurs son écrit le plus célèbre, dans lequel il compare les abeilles travailleuses et organisées aux frelons oisifs et voleurs.

«Comme ces hommes sont les Français les plus essentiellement producteurs, ceux qui donnent les produits les plus importants, ceux qui dirigent les travaux les plus utiles à la nation, et qui la rendent productive dans les sciences, dans les beaux-arts et dans les arts et métiers, ils sont réellement la fleur de la société française ; ils sont de tous les Français les plus utiles à leur pays, ceux qui lui procurent le plus de gloire, qui hâtent le plus sa civilisation ainsi que sa prospérité ; la nation deviendrait un corps sans âme, à l’instant où elle les perdrait ; elle tomberait immédiatement dans un état d’infériorité vis-à-vis des nations dont elle est aujourd’hui la rivale, et elle continuerait à rester subalterne à leur égard tant qu’elle n’aurait pas réparé cette perte, tant qu’il ne lui aurait pas repoussé une tête.»
Cependant,

« Cet accident (ndlr : la perte des nobles) affligerait certainement les Français parce qu'ils sont bons, parce qu'ils ne sauraient voir avec indifférence la disparition subite d'un si grand nombre de leurs compatriotes. Mais cette perte de 30 000 individus, réputés les plus importants de l'État, ne les affligerait que sous un rapport sentimental, car il n'en résulterait aucun mal politique pour l'État.»

l’idéal saint-simonien

Saint Simon veut améliorer la condition des ouvriers, son idéal est le bonheur social.
Ainsi, il conteste l’idéal de liberté qui est un frein au bon fonctionnement d’une organisation sociale bien ordonnée, où chaque parti est dépendant et lié à l’ensemble.

Un pouvoir politique entre les mains des technocrates

L’organisation politique doit tendre vers le même but, à savoir l’instauration d’une véritable société industrielle, telle une ruche. «La politique est la science de la production».

Evidemment, ce sont les industriels qui doivent diriger. Saint Simon évoque trois chambres :
la Chambre d’invention (composée majoritairement d’ingénieurs)
la Chambre d’examen (composée de physiciens et de mathématiciens)
la Chambre d’exécution (composée de dirigeants d’entreprises industrielles, bancaires et agricoles).

Il s’agit véritablement d’un gouvernement de technocrates : il s’agit de «confier le pouvoir spirituel aux savants et l’administration du pouvoir temporel aux industriels».

Il n’est plus question de l’exercice d’un pouvoir sur les hommes mais d’«une action sur les choses».

Le nouveau christianisme saint-simonien

D’abord athée et matérialiste, comme nombre d’héritiers des Lumières et de la Révolution, Saint-Simon va se tourner vers la religion.
Le raisonnement est le suivant : Les lumières n’ont pas eu une portée suffisante pour déchristianiser le peuple ; dès lors, il s’agit de mettre en place deux niveaux de religion : le physicisme pour les élites et le déisme pour les masses. Mais cette situation n’est que transitoire, le christianisme (il réfute le catholicisme et le protestantisme) devant évoluer pour servir les objectifs saint-simoniens.


Les héritages du comte de Saint Simon sur les penseurs du siècle

De l’oeuvre personnelle à la doctrine saint-simonienne

A sa mort en 1825, le comte ne jouit pas d’une grande notoriété. Dès lors, ses principaux fidèles (essentiellement des banquiers, ingénieurs, polytechniciens) regroupés derrière Olinde Rodrigues, Saint-Amand Bazard et Prosper Enfantin vont répandre ce qui s’appellera rapidement la doctrine de Saint-Simon en fondant une école puis une Eglise et en diffusant ses idées à travers le journal Le Producteur et l’Organisateur dès 1829. Elle aura le vent en poupe pendant la révolution de juillet, le Globe choisissant comme sous-titre «Journal de la doctrine de Saint-Simon».

Cette «religion» se diffuse autour de trois axes : le sentiment (l’amour entre les individus), la raison et la force. L’industrie est un culte dans la mesure où elle prolonge la création, avec des Prêtres (sentiment), des savants (raison) et des industriels (force). Saint-Simon fut le prophète et Enfantin et Bazard deviennent Pères de cette nouvelle Eglise.

Cependant, le mouvement s’essoufflera avec de nombreuses dissensions entre les Pères, et Enfantin, le grand Pape, réunira les derniers membres à Menilmontant.

«Après quelques mois de campagne, cette armée pourvue d’un si beau corps d’officiers se vit réduite à quelques capitaines d’aventure accompagnés d’obscures soldats» Louis Reybaud.


B) Un héritage ambivalent

Des technocrates, qui se réfèrent toujours à ses thèses, aux communismes, qui ont gravé son nom parmi les héros du communisme sur un obélisque à Moscou, nombreux sont les courants socialistes à revendiquer un héritage saint-simonien.
Si son engagement pour le développement industriel peut sembler parfois contraire à certaines thèses socialistes, il n’en demeure pas moins que son soucis de lutter contre la misère des classes laborieuses et de réorganiser la société a fait dire à Marx qu’il était le «porte-parole de la classe laborieuse».

Sur certains points, L’exposition de la doctrine de Saint-Simon annonce le manifeste de Marx et Engels de 1848 : il faudrait une collectivisation des moyens de production pour mettre un terme à l’exploitation de l’Homme par l’Homme, à la différence que c’est un système de banques qui contrôle la production et la répartition.

«Le saint-simonisme est comme une boite pleine de semences : la boite a été ouverte, son contenu s’est envolé on ne sait où, mais chaque grain a trouvé un sillon et on les a vu sortir de terre l’un après l’autre» Karl Grun

Si la question de savoir si Saint Simon était socialiste se pose, il ne fait aucun doute qu’il fut l’un des inspirateurs des socialistes.


Conclusion :

Le saint-simonisme considère que l’industrie est le moteur de l’Histoire et le fondement de toute société. Dès lors, il faut valoriser les forces productrices de la nation au détriment des classes oisives et rentières.

La politique et la religion saint-simoniennes sont les vecteurs de réorganisation sociale pour orienter le capitalisme brutal vers une coopération pacifique et efficace.

Une Eglise diffusa à travers de nombreux journaux cette doctrine méconnue de telle sorte qu’elle influença les penseurs socialistes du XIXème et XXème siècle : opposés ou fidèles, ils se situeront tous par rapport à elle.

Le débat récurrent est de savoir si Saint-Simon en développant l’idée d’un gouvernement technocratique et en célébrant le progrès industriel est un socialiste. Une réponse à cette question serait de dire qu’il a tendu vers le socialisme à la fin de la vie en se préoccupant davantage des masses pauvres après que son projet a été refusé en France (par Napoléon) et en Russie (par Nicolas Ier).

Paullaurent

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Date d'inscription : 14/11/2011

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