La question irlandaise de 1850 à 1921
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La question irlandaise de 1850 à 1921
La question irlandaise de 1850 à 1921
La question irlandaise est apparue à la fin du XV siècle. Commence en effet à cette époque une colonisation de l’Irlande par l’Angleterre qui coïncide avec la Réforme religieuse en Grande-Bretagne. Cet impérialisme politique, religieux, économique et culturel s’accompagne d’une division de la population entre grands propriétaires anglais, et fermiers irlandais catholiques. Malgré son intégration à la Grande-Bretagne en 1800, l’Irlande reste une colonie anglaise, emprisonnée dans son rôle agricole et de réserve de main d’œuvre. En 1829 les catholiques irlandais obtiennent le droit de vote grâce à l’acharnement de O’Connell. Mais au milieu du XIX siècle, la question irlandaise n’est toujours pas réglée. On peut se demander quels sont les enjeux de la question irlandaise de 1850 à 1921 et si finalement il n’y a pas une double question d’Irlande. Nous verrons dans un premier temps que la question irlandaise jusqu’à la fin du XIX siècle s’articule autour de la question agraire et de l’autonomie interne, puis en deuxième lieu que le caractère inévitable d’une partition s’impose au début du XX siècle et créé une seconde question irlandaise.
I/ La question de l’Irlande jusqu’à la fin du XIX siècle s’articule autour de la question agraire et de l’autonomie interne (Home Rule)
1) La question agraire, premier enjeu du nationalisme irlandais
La grande famine qui touche l’Irlande de l’automne 1845 à 1849 et cause la mort d’un million et demie de personnes est à l’origine d’un retour du nationalisme irlandais. Les fermiers irlandais en effet, confrontés à une crise sans précédent, incapables de payer leurs fermages et menacés d’expulsion décident de s’unir sous l’impulsion de Gavan Duffy dans la « Ligue des droits du tenancier » en 1850. Devant l’absence de résultat parlementaire le mouvement se radicalise et on assiste à la naissance des sociétés secrètes, en particulier de la Fraternité républicaine irlandaise ou mouvement Fenian né en 1858 qui lutte pour l’indépendance totale. Leur action se caractérise par une série d’attentats dans les grandes villes d’Angleterre en 1867. La classe politique anglaise prend conscience de la nécessité de trouver une solution au problème irlandais. Mais les réformes agraires successives de 1870 et 1881 lancées par Gladstone sont insuffisantes. Face aux mauvaises récoltes entre 1877 et 1880 l’agitation agraire reprend sous l’impulsion d’un ancien Fenian Michael Davitt qui créé la « Ligue agraire ». Gladstone répond par une nouvelle politique de répression mais aussi par des réformes qui permettent de réduire les hypothèques des paysans. L’agitation dans les campagnes prend momentanément fin. Mais l’échec d’un premier projet d’autonomie interne pour l’Irlande en 1886 ramène le mécontentement dans les campagnes et face à la montée des incidents violents, le gouvernement conservateur alors au pouvoir adopte une série de réformes agraires qui met fin à l’agitation. Salisbury a en effet pour objectif de « tuer le Home Rule par la douceur » en permettant aux tenanciers irlandais d’accéder à la propriété. C’est la loi Wyndham de 1903 qui règle définitivement la question agraire, les tenanciers versant désormais un loyer à l’Etat et accédant à la propriété de leurs terres après 68 annuités foncières. L’Irlande passe alors d’un pays de grande propriété aristocratique aux mains de landlords anglais à un pays de petite propriété paysanne. Le nationalisme irlandais peut désormais se détourner des campagnes.
2) Le double échec du Home Rule
En parallèle de la question agraire, le Home Rule naît à Dublin en 1870. Il s’agit d’une association souhaitant l’obtention d’un statut d’autonomie interne pour l’Irlande avec deux représentations parlementaires : l’une à Westminster et l’autre à Dublin prenant en charge les affaires locales. Ce mouvement, plus modéré que le mouvement Fenian rejette toute idée de séparatisme. Aux élections de 1874, 59 députés se réclamant du Home Rule sont élus et décident de former un groupe distinct des whigs et des tories. Charles Stewart Parnell, un landlord protestant d’origine anglaise mais rallié à la cause irlandaise devient le leader du parti.
Le party whig et le pari tory ont dans les années 1880 une représentation parlementaire sensiblement égale. Par conséquent le parti de Parnell prend un rôle d’arbitre, les voix des « Home Rulers » devenant nécessaires à l’obtention d’une majorité parlementaire. Bénéficiant des réformes électorales de 1884 et 1885 le parti du Home Rule parvient à faire élire 85 députés sur 103 à la Chambre des communes aux élections de 1885. En janvier 1886 c’est le retour de Gladstone au pouvoir. Celui-ci doit sa majorité aux 85 députés irlandais et se voit donc dans l’obligation de soumettre dès le 8 avril un projet de Home Rule au Parlement. Bien que très modéré, ce projet divise le parti whig. Les 93 députés opposés au Home Rule désavouent Gladstone en suivant Joseph Chamberlain et créent un parti « libéral-unioniste ». Le premier projet de Home Rule est donc rejeté. En février 1893 Gladstone revient au pouvoir, propose au nouveau projet de Home Rule, peut différent du précédent. Celui-ci est accepté par la Chambre des Communes mais rejeté par la Chambre des lords. Aux élections de 1895, ce sont les conservateurs alliés aux libéraux-unionistes qui l’emportent laissant ainsi la question d’Irlande dans l’impasse pour plusieurs années.
A la fin du XIX siècle, la question irlandaise est avant tout une question politique. Le mouvement nationaliste se divise entre les modérés du parti Home Rule et une branche plus radicale souhait l’indépendance totale. Avec le retour au pouvoir des libéraux dès 1906 c’est la première voie qui va l’emporter. En effet à partir de 1910, les libéraux ont besoin des 84 députés irlandais pour constituer une majorité parlementaire. Asquith dépose un nouveau projet de Home Rule en échange du soutien irlandais et depuis la réforme constitutionnelle de 1911 la Chambre des lords ne dispose plus que d’un véto suspensif ce qui change la donne.
II/ Le caractère inévitable d’une partition de l’Irlande s’impose au début du XX siècle et créé une seconde question irlandaise
1) Le troisième projet du Home Rule, solution de compromis ne met pas fin aux tensions
L’autonomie interne de l’Irlande paraît désormais inévitable. Mais la minorité protestante très présente dans le Nord-est de l’île, l’Ulster, rejette pour des raisons économiques et religieuses ce projet. Emmenée par Edward Carson qui devient président du Conseil unioniste d’Ulster, elle souhaite le détachement de la province du reste de l’Irlande.
Le projet de Home Rule d’Asquith est cependant relativement modéré et n’offre à l ‘Irlande qu’une autonomie partielle. Le gouvernement britannique reste responsable de la politique extérieure, de la politique douanière et monétaire et contrôle la police. Pour toutes les autres questions internes, l’Irlande dispose d’un gouvernement et d’un parlement bicaméral. Le texte est voté par la Chambre des communes le 11 octobre 1912 mais il est rejeté une nouvelle fois par la Chambre des lords, sa mise en application est donc retardée de deux ans. Les unionistes profitent de ce laps de temps pour faire pression sur le gouvernement britannique et tenter de modifier ou de supprimer le projet. Dès janvier 1913 Carson demande au Parlement britannique de retirer la province irlandaise du projet. Parallèlement, il organise les milices protestantes en une véritable armée, les Volontaires de l’Ulster forte de 60 000 à 80 000 hommes. Le 24 septembre 1913 le Conseil unioniste de l’Ulster se transforme en gouvernement provisoire dont le rôle serait de d’administrer la province dès la mise en application du Home Rule. Le gouvernement britannique ne réagit pas et les nationalistes se dotent également d’une organisation militaire, les Volontaires irlandais, dirigée par Eion MacNeill.
Le Home Rule est voté le 25 mai 1914, seule la signature du roi Georges V est nécessaire étant donné que la Chambre des lords ne possède plus son véto. Mais alors que le roi hésite, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne le 4 août 1914. Devant cette situation inédite, le gouvernement britannique parvient à obtenir un accord en faisant ratifier le Home Rule par la Parlement mais en rejetant son application à la fin de la guerre et en gardant la possibilité d’un amendement pour l’Ulster. Le roi donne son assentiment et nationalistes et unionistes s’engagent massivement dans la guerre aux côtés des Britanniques, espérant en être payé en retour à la fin de la guerre.
Cependant certains nationalistes rejettent la politique de collaboration préconisée par le parti du Home Rule et dès août 1914, le Conseil suprême de l’IRB (Fraternité républicaine irlandaise) prépare un soulèvement qui doit avoir lieu le jour de Pâques 1916. Le 24 avril des nationalistes s’emparent des points stratégiques de Dublin. Les insurgés se déclarent gouvernement provisoire. La République d’Irlande est proclamée, « Etat indépendant et souverain ». Les insurgés ne sont pas plus de 1700 combattants, le reste du pays ne bouge pas. Ils capitulent au bout de 5 jours. Cette opération suicidaire et mal préparée d’une minorité de nationalistes est aujourd’hui glorifiée dans toute la République d’Irlande et représente le symbole de l’indépendance irlandaise.
2) La question irlandaise est provisoirement réglée par la naissance de deux entités autonomes : l’Irlande du Nord et l’Etat libre d’Irlande
Les sept signataires de la proclamation d’indépendance sont fusillés et 90 condamnations à mort son prononcées contre les principaux dirigeants républicains et les chefs militaires de l’insurrection par un conseil de guerre britannique. Le mouvement Sinn Fein dirigé à partir d’octobre 1917 par De Valera remplace le parti du Home Rule en tant que porte-parole de la cause nationaliste. Le 21 janvier 1919, sous la présidence de Cathal Brugha, 27 députés du Sin Fein se réunissent à l’Hôtel de ville de Dublin et se constituent en Assemblée d’Irlande (premier Dail). Ils adoptent une constitution provisoire qui repose sur la souveraineté du peuple, élisent De Valera président de la République.
En avril 1919, De Valera forme ce que l’on considère aujourd’hui comme le premier gouvernement républicain irlandais. Pendant deux ans se succèdent une série d’affrontements entre la nouvelle Armée républicaine irlandaise et forces de répression britanniques. L’administration et la justice sont boycottées dans une grande partie du pays et les autorités britanniques doivent reconnaître que « les ordres du roi ne sont plus suivis dans les trois provinces du Sud ». La seule solution qui s’impose au gouvernement est celle d’une partition dans le cadre du Home Rule de 1914 avec un statut spécial pour l’Ulster. Le Governement of Ireland Act de décembre 1920 divise l’île en deux entre 26 comtés (ceux du Leinster, munster et du Connacht et 3 comtés de l’Ulster) et les 6 autres comtés de l’Ulster qui forment l’Irlande du Nord. Une large autonomie est accordée aux deux parties, avec un Parlement et un ministère responsables des questions intérieures. Le Parlement britannique garde en main les questions extérieures et douanières. Cette partition mécontente à la fois les républicains du Sinn Fein, les partisans modérés du Home Rule et les unionistes. Pas un seul député irlandais ne vote l’Ireland Act de 1920. Des élections sont organisées dans les deux parties en mai 1921 mais au sud, les 124 élus du Sinn Fein refusent de siéger au parlement et se constituent en nouvelle assemblée révolutionnaire, le second Dail. De longues négociations commencent alors entre le gouvernement britannique et les dirigeants républicains irlandais à la conférence de Londres qui se déroule du 11 octobre au 5 décembre. Le traité de Londres est enfin signé le 6 décembre 1921. Il fait de l’Irlande du Sud appelée désormais Etat libre d’Irlande, un dominion appartenant au Commonwealth britannique des nations. Ce nouvel Etat reçoit l’autonomie militaire et douanière. Les députés irlandais qui ne siègent plus à Westminster doivent prêter serment d’allégeance au roi d’Angleterre. La Grande-Bretagne conserve des bases navales dans certains ports irlandais et l’article XII prévoit une renégociation du tracé de la frontière entre Irlande du Nord et Irlande du Sud. La majeure partie de la province ulstérienne reste rattachée au Royaume-Uni.
En conclusion, nous pouvons dire que la question irlandaise connaît de 1850 à 1921 de multiples enjeux, complexifiée par la volonté de partition qui crée une seconde question irlandaise. Mais Le compromis de 1921 semble toutefois mettre un point final au problème irlandais vieux d’environ quatre siècles. Nous pouvons donc nous demander si le traité de Londres a bien ramené la paix en Irlande et satisfait à la fois nationalistes et unionistes et si non quelles en sont en sont les failles et les conséquences.
La question irlandaise est apparue à la fin du XV siècle. Commence en effet à cette époque une colonisation de l’Irlande par l’Angleterre qui coïncide avec la Réforme religieuse en Grande-Bretagne. Cet impérialisme politique, religieux, économique et culturel s’accompagne d’une division de la population entre grands propriétaires anglais, et fermiers irlandais catholiques. Malgré son intégration à la Grande-Bretagne en 1800, l’Irlande reste une colonie anglaise, emprisonnée dans son rôle agricole et de réserve de main d’œuvre. En 1829 les catholiques irlandais obtiennent le droit de vote grâce à l’acharnement de O’Connell. Mais au milieu du XIX siècle, la question irlandaise n’est toujours pas réglée. On peut se demander quels sont les enjeux de la question irlandaise de 1850 à 1921 et si finalement il n’y a pas une double question d’Irlande. Nous verrons dans un premier temps que la question irlandaise jusqu’à la fin du XIX siècle s’articule autour de la question agraire et de l’autonomie interne, puis en deuxième lieu que le caractère inévitable d’une partition s’impose au début du XX siècle et créé une seconde question irlandaise.
I/ La question de l’Irlande jusqu’à la fin du XIX siècle s’articule autour de la question agraire et de l’autonomie interne (Home Rule)
1) La question agraire, premier enjeu du nationalisme irlandais
La grande famine qui touche l’Irlande de l’automne 1845 à 1849 et cause la mort d’un million et demie de personnes est à l’origine d’un retour du nationalisme irlandais. Les fermiers irlandais en effet, confrontés à une crise sans précédent, incapables de payer leurs fermages et menacés d’expulsion décident de s’unir sous l’impulsion de Gavan Duffy dans la « Ligue des droits du tenancier » en 1850. Devant l’absence de résultat parlementaire le mouvement se radicalise et on assiste à la naissance des sociétés secrètes, en particulier de la Fraternité républicaine irlandaise ou mouvement Fenian né en 1858 qui lutte pour l’indépendance totale. Leur action se caractérise par une série d’attentats dans les grandes villes d’Angleterre en 1867. La classe politique anglaise prend conscience de la nécessité de trouver une solution au problème irlandais. Mais les réformes agraires successives de 1870 et 1881 lancées par Gladstone sont insuffisantes. Face aux mauvaises récoltes entre 1877 et 1880 l’agitation agraire reprend sous l’impulsion d’un ancien Fenian Michael Davitt qui créé la « Ligue agraire ». Gladstone répond par une nouvelle politique de répression mais aussi par des réformes qui permettent de réduire les hypothèques des paysans. L’agitation dans les campagnes prend momentanément fin. Mais l’échec d’un premier projet d’autonomie interne pour l’Irlande en 1886 ramène le mécontentement dans les campagnes et face à la montée des incidents violents, le gouvernement conservateur alors au pouvoir adopte une série de réformes agraires qui met fin à l’agitation. Salisbury a en effet pour objectif de « tuer le Home Rule par la douceur » en permettant aux tenanciers irlandais d’accéder à la propriété. C’est la loi Wyndham de 1903 qui règle définitivement la question agraire, les tenanciers versant désormais un loyer à l’Etat et accédant à la propriété de leurs terres après 68 annuités foncières. L’Irlande passe alors d’un pays de grande propriété aristocratique aux mains de landlords anglais à un pays de petite propriété paysanne. Le nationalisme irlandais peut désormais se détourner des campagnes.
2) Le double échec du Home Rule
En parallèle de la question agraire, le Home Rule naît à Dublin en 1870. Il s’agit d’une association souhaitant l’obtention d’un statut d’autonomie interne pour l’Irlande avec deux représentations parlementaires : l’une à Westminster et l’autre à Dublin prenant en charge les affaires locales. Ce mouvement, plus modéré que le mouvement Fenian rejette toute idée de séparatisme. Aux élections de 1874, 59 députés se réclamant du Home Rule sont élus et décident de former un groupe distinct des whigs et des tories. Charles Stewart Parnell, un landlord protestant d’origine anglaise mais rallié à la cause irlandaise devient le leader du parti.
Le party whig et le pari tory ont dans les années 1880 une représentation parlementaire sensiblement égale. Par conséquent le parti de Parnell prend un rôle d’arbitre, les voix des « Home Rulers » devenant nécessaires à l’obtention d’une majorité parlementaire. Bénéficiant des réformes électorales de 1884 et 1885 le parti du Home Rule parvient à faire élire 85 députés sur 103 à la Chambre des communes aux élections de 1885. En janvier 1886 c’est le retour de Gladstone au pouvoir. Celui-ci doit sa majorité aux 85 députés irlandais et se voit donc dans l’obligation de soumettre dès le 8 avril un projet de Home Rule au Parlement. Bien que très modéré, ce projet divise le parti whig. Les 93 députés opposés au Home Rule désavouent Gladstone en suivant Joseph Chamberlain et créent un parti « libéral-unioniste ». Le premier projet de Home Rule est donc rejeté. En février 1893 Gladstone revient au pouvoir, propose au nouveau projet de Home Rule, peut différent du précédent. Celui-ci est accepté par la Chambre des Communes mais rejeté par la Chambre des lords. Aux élections de 1895, ce sont les conservateurs alliés aux libéraux-unionistes qui l’emportent laissant ainsi la question d’Irlande dans l’impasse pour plusieurs années.
A la fin du XIX siècle, la question irlandaise est avant tout une question politique. Le mouvement nationaliste se divise entre les modérés du parti Home Rule et une branche plus radicale souhait l’indépendance totale. Avec le retour au pouvoir des libéraux dès 1906 c’est la première voie qui va l’emporter. En effet à partir de 1910, les libéraux ont besoin des 84 députés irlandais pour constituer une majorité parlementaire. Asquith dépose un nouveau projet de Home Rule en échange du soutien irlandais et depuis la réforme constitutionnelle de 1911 la Chambre des lords ne dispose plus que d’un véto suspensif ce qui change la donne.
II/ Le caractère inévitable d’une partition de l’Irlande s’impose au début du XX siècle et créé une seconde question irlandaise
1) Le troisième projet du Home Rule, solution de compromis ne met pas fin aux tensions
L’autonomie interne de l’Irlande paraît désormais inévitable. Mais la minorité protestante très présente dans le Nord-est de l’île, l’Ulster, rejette pour des raisons économiques et religieuses ce projet. Emmenée par Edward Carson qui devient président du Conseil unioniste d’Ulster, elle souhaite le détachement de la province du reste de l’Irlande.
Le projet de Home Rule d’Asquith est cependant relativement modéré et n’offre à l ‘Irlande qu’une autonomie partielle. Le gouvernement britannique reste responsable de la politique extérieure, de la politique douanière et monétaire et contrôle la police. Pour toutes les autres questions internes, l’Irlande dispose d’un gouvernement et d’un parlement bicaméral. Le texte est voté par la Chambre des communes le 11 octobre 1912 mais il est rejeté une nouvelle fois par la Chambre des lords, sa mise en application est donc retardée de deux ans. Les unionistes profitent de ce laps de temps pour faire pression sur le gouvernement britannique et tenter de modifier ou de supprimer le projet. Dès janvier 1913 Carson demande au Parlement britannique de retirer la province irlandaise du projet. Parallèlement, il organise les milices protestantes en une véritable armée, les Volontaires de l’Ulster forte de 60 000 à 80 000 hommes. Le 24 septembre 1913 le Conseil unioniste de l’Ulster se transforme en gouvernement provisoire dont le rôle serait de d’administrer la province dès la mise en application du Home Rule. Le gouvernement britannique ne réagit pas et les nationalistes se dotent également d’une organisation militaire, les Volontaires irlandais, dirigée par Eion MacNeill.
Le Home Rule est voté le 25 mai 1914, seule la signature du roi Georges V est nécessaire étant donné que la Chambre des lords ne possède plus son véto. Mais alors que le roi hésite, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne le 4 août 1914. Devant cette situation inédite, le gouvernement britannique parvient à obtenir un accord en faisant ratifier le Home Rule par la Parlement mais en rejetant son application à la fin de la guerre et en gardant la possibilité d’un amendement pour l’Ulster. Le roi donne son assentiment et nationalistes et unionistes s’engagent massivement dans la guerre aux côtés des Britanniques, espérant en être payé en retour à la fin de la guerre.
Cependant certains nationalistes rejettent la politique de collaboration préconisée par le parti du Home Rule et dès août 1914, le Conseil suprême de l’IRB (Fraternité républicaine irlandaise) prépare un soulèvement qui doit avoir lieu le jour de Pâques 1916. Le 24 avril des nationalistes s’emparent des points stratégiques de Dublin. Les insurgés se déclarent gouvernement provisoire. La République d’Irlande est proclamée, « Etat indépendant et souverain ». Les insurgés ne sont pas plus de 1700 combattants, le reste du pays ne bouge pas. Ils capitulent au bout de 5 jours. Cette opération suicidaire et mal préparée d’une minorité de nationalistes est aujourd’hui glorifiée dans toute la République d’Irlande et représente le symbole de l’indépendance irlandaise.
2) La question irlandaise est provisoirement réglée par la naissance de deux entités autonomes : l’Irlande du Nord et l’Etat libre d’Irlande
Les sept signataires de la proclamation d’indépendance sont fusillés et 90 condamnations à mort son prononcées contre les principaux dirigeants républicains et les chefs militaires de l’insurrection par un conseil de guerre britannique. Le mouvement Sinn Fein dirigé à partir d’octobre 1917 par De Valera remplace le parti du Home Rule en tant que porte-parole de la cause nationaliste. Le 21 janvier 1919, sous la présidence de Cathal Brugha, 27 députés du Sin Fein se réunissent à l’Hôtel de ville de Dublin et se constituent en Assemblée d’Irlande (premier Dail). Ils adoptent une constitution provisoire qui repose sur la souveraineté du peuple, élisent De Valera président de la République.
En avril 1919, De Valera forme ce que l’on considère aujourd’hui comme le premier gouvernement républicain irlandais. Pendant deux ans se succèdent une série d’affrontements entre la nouvelle Armée républicaine irlandaise et forces de répression britanniques. L’administration et la justice sont boycottées dans une grande partie du pays et les autorités britanniques doivent reconnaître que « les ordres du roi ne sont plus suivis dans les trois provinces du Sud ». La seule solution qui s’impose au gouvernement est celle d’une partition dans le cadre du Home Rule de 1914 avec un statut spécial pour l’Ulster. Le Governement of Ireland Act de décembre 1920 divise l’île en deux entre 26 comtés (ceux du Leinster, munster et du Connacht et 3 comtés de l’Ulster) et les 6 autres comtés de l’Ulster qui forment l’Irlande du Nord. Une large autonomie est accordée aux deux parties, avec un Parlement et un ministère responsables des questions intérieures. Le Parlement britannique garde en main les questions extérieures et douanières. Cette partition mécontente à la fois les républicains du Sinn Fein, les partisans modérés du Home Rule et les unionistes. Pas un seul député irlandais ne vote l’Ireland Act de 1920. Des élections sont organisées dans les deux parties en mai 1921 mais au sud, les 124 élus du Sinn Fein refusent de siéger au parlement et se constituent en nouvelle assemblée révolutionnaire, le second Dail. De longues négociations commencent alors entre le gouvernement britannique et les dirigeants républicains irlandais à la conférence de Londres qui se déroule du 11 octobre au 5 décembre. Le traité de Londres est enfin signé le 6 décembre 1921. Il fait de l’Irlande du Sud appelée désormais Etat libre d’Irlande, un dominion appartenant au Commonwealth britannique des nations. Ce nouvel Etat reçoit l’autonomie militaire et douanière. Les députés irlandais qui ne siègent plus à Westminster doivent prêter serment d’allégeance au roi d’Angleterre. La Grande-Bretagne conserve des bases navales dans certains ports irlandais et l’article XII prévoit une renégociation du tracé de la frontière entre Irlande du Nord et Irlande du Sud. La majeure partie de la province ulstérienne reste rattachée au Royaume-Uni.
En conclusion, nous pouvons dire que la question irlandaise connaît de 1850 à 1921 de multiples enjeux, complexifiée par la volonté de partition qui crée une seconde question irlandaise. Mais Le compromis de 1921 semble toutefois mettre un point final au problème irlandais vieux d’environ quatre siècles. Nous pouvons donc nous demander si le traité de Londres a bien ramené la paix en Irlande et satisfait à la fois nationalistes et unionistes et si non quelles en sont en sont les failles et les conséquences.
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Date d'inscription : 14/10/2011
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