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LE POPULISME EN EUROPE

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Message  HugoB Dim 11 Déc - 22:26

BASTIANELLI Hugo
LE POPULISME EN EUROPE
Souvent évoqué lors des débats politiques, rarement clairement défini, le populisme connait aujourd’hui un renouveau grandissant en Europe. Mais derrière ce terme se cache en fait une multitude de mouvements politiques si bien que parler de Populismes au pluriel s’avère plus judicieux. Qu’est-ce que les Populismes et quel est leur place en Europe ? Comment les gouvernements Européens réagissent-ils au « Défi populiste » (Cécile Leconte).

I) Origine et Définitions du Populisme :

a) Apparition, définition et extension du terme :
Le terme de Populisme fait son apparition au XIXème siècle avec le mouvement des Narodniki (gens du peuple) en Russie des années 1860 à la fin du siècle. Ce mouvement agraire socialiste était farouchement opposé au tsar et s’appuyait sur le peuple contre les élites dirigeantes. Depuis il est communément admis qu’un mouvement populiste est un mouvement se réclamant du peuple et affirmant agir dans son intérêt face à une élite (sociale ou politique) accusée d’accaparer le pouvoir.
Ces mouvements adoptent souvent un discours destiné à plaire au peuple ou à une catégorie de la population ce qui a donné une forte connotation péjorative au terme de « populiste » le rapprochant de plus en plus de celui de « démagogue ». « Populiste » est souvent dit d’un responsable politique jugé irresponsable, n’affirmant dans son discours que ce qui est plaisant à l’oreille du peuple et non pas ce qui serait nécessaire. Qui plus est, il est souvent accusé d’attiser les sentiments les plus noirs de la population pour plaire (xénophobie, racisme…) en rejetant l’origine des problèmes auquel un peuple fait face sur des groupes précis (groupes religieux, ethniques…). Du fait de cette connotation de plus en plus péjorative, le terme de « populiste » est quasiment devenu l’équivalent d’une insulte politique, au même titre que « démagogue ».
b) Des Populismes et non un populisme :
Le populisme ne doit surtout pas être assimilé à l’extrême droite ni même aux extrêmes exclusivement. De nombreuses personnalités politiques en Europe issus de courants plus traditionnels se réclament parfois du populisme ou sont plus souvent taxés de « populistes ». La droite est ainsi souvent accusée par la gauche de populisme sur les questions sécuritaire et d’identité nationale et inversement pour la gauche notamment sur les questions touchant aux inégalités sociales. Il n’y a donc pas un populisme mais des populismes à divers degrés et de toutes tendances. Il faut aussi se méfier de l’accusation « populiste » qui peut être non fondée et signe d’un mésusage du terme.
Pierre André Taguieff distingue deux grands types de populismes dans lesquels on peut à peu près classer toutes les tendances de ces mouvements : le populisme identitaire-national et le populisme social. Le premier (généralement de droite voire d’extrême droite) vise à défendre les intérêts de la nation définie par sa lange et éventuellement sa race face à l’étranger en donnant la priorité au « national » (d’où le caractère souvent xénophobe de la plupart de ces mouvement). Le populisme social (que l’on classe généralement à gauche mais qui est souvent revendiqué par tous les populismes) défend simplement le peuple, réduit dans le discours populiste à une masse que l’on considère comme homogène, face aux élites (en France, Jean Luc Mélenchon est souvent considéré comme le principal représentant de se courant). Il arrive bien souvent que ces deux types de populisme se rejoignent.

II) Histoire et Idéologies des Populismes en Europe :

a) Histoire des populismes en Europe :
Si il est important d’étudier l’histoire du populisme en Europe, c’est parce que la plupart des mouvements populistes d’aujourd’hui tirent leur idéologie de ceux d’hier.
La naissance du populisme moderne au 19ème siècle :
Le mouvement des Narodniki fut le point de départ d’un développement important du populisme social dans toute l’Europe et notamment en Russie puisque le mouvement bolchevik de Lénine en est directement inspiré. En France, le mouvement boulangiste de la fin des années 1880, puise à la fois dans le populisme sociale en se déclarant défenseur du peuple face aux élites républicaines qui l’auraient trahi ; et dans le populisme nationaliste en exaltant le désir de revanche sur l’Allemagne.
Nationalismes et fascismes :

C’est également dans la deuxième moitié du 19ème que se développent les mouvements nationalistes comme le pangermanisme (qui porte en lui une partie des germes du national-socialisme). Ces mouvements exaltent la fierté d’une langue voire d’une race commune qu’il faudrait à tout prix préserver (le Volkstum : « l’esprit de la race »). Le Fascisme puis le National-Socialisme du 20ème siècle sont des variances à l’extrêmes de ces populismes de droite nationalistes (mais le populisme n’est pas la même chose que le fascisme). Ainsi les Nazis déclarent défendre les intérêts du peuple allemand face à ces ennemis que seraient les juifs (accusés d’avoir accaparé le pouvoir et les richesses), les tziganes et autres ethnies accusées de voler les biens appartenant au peuple allemand. Dans les années 30, l’Europe est (mis à part quelques pays comme le RU ou la France) dominée par les ultranationalismes d’extrême droite (ex: la Roumanie de Antonescu ou encore la Hongrie de Horthy).

Une résurgence du populisme depuis 1945 :
Depuis de nombreux mouvement populiste plus ou moins extrémistes ont émergé en Europe, ayant une importance plus ou moins conséquente. En France le mouvement poujadiste entend défendre les intérêts des petits commerçants et artisans et critique le parlementarisme de la Quatrième République. C’est à ce moment que Jean Marie Le Pen fait ses débuts en politique. L’idéologie du Front National, est en effet très liée à celle du poujadisme. Divers pays européens à l’instar de l’Italie ont connu des années dites « de plomb » (années 60-80) où se sont affronté des mouvements populistes d’extrême-droite et d’extrême-gauche (les fameuses brigades rouges). Le terrorisme et la lutte armée deviennent alors de nouvelles façons de se manifester pour les mouvements populistes révolutionnaires.
b) Idéologies des Populismes :
Si les populismes sont très divers, il existe des points communs dans leur idéologies, qui sont en fait directement issus des vielles revendications historiques des populismes, mais réadaptées au monde d’aujourd’hui, à savoir (les trois derniers points concernent surtout les populismes d’extrême-droite):
Anti-mondialisation et euroscepticisme :
Les courants populistes ont en commun de souligner les effets qu’ils jugent néfastes de l’ouverture des frontières pour les populations : chômage, privation du déterminisme économique. Ils fustigent une Union Européenne qui selon eux, serait à l’origine d’une immigration malsaine (due à l’effacement des frontières) et qui contraindrait les Etats à la mise sous tutelle économique notamment avec l’euro.
Une théorie du complot des élites de l’ensemble des pays contre les peuple visant à renforcer le pouvoir et la richesse des « gens du système » qu’il soit politique ou financier (ex : traders) au détriment du peuple. Dénonciation des élites cosmopolites comme l’indique l’un des slogans du British National Party (parti britannique nationaliste) : « Punish the Pigs », les « Pigs » étant les élites qui s’enrichiraient à outrance sur le dos du peuple.
Islamophobie : la religion musulmane est très souvent pointée du doigt (surtout par les populismes d’extrême droite) comme étant à l’origine d’une perte de la culture nationale.
Dénonciation de l’immigration : les immigrés extra-européens sont souvent décris par les populistes comme des « voleurs d’emplois » ou encore des « voyous » jugés responsables de la montée de l’insécurité.
Homophobie : question qui n’est pas aussi centrale pour tous les populismes d’extrême-droite. Si les mouvements occidentaux comme le FPÖ ou le FN ne font pas de l’homophobie leur caractéristique principale (bien que leur idéologie très liée au catholicisme ultra-conservateurs y soit relativement hostile), certains mouvements, particulièrement en Europe de l’est vont jusqu’à utiliser leur branche armée pour faire « la chasse aux homosexuels » (ex : Croatie) jugés menaçants pour la famille traditionnelle.

III) Le Populisme aujourd’hui en Europe :

a) La montée du Populisme en Europe :
Les mouvements populistes en Europe ont depuis les années 80 connu une recrudescence importante de leur audience et de leur électorat:
En Europe de l’ouest et du Nord:
Certains partis d’extrême droite ont vu leurs scores aux élections s’accroitre de manière parfois considérable. Ainsi le candidat FN Jean Marie Le Pen se qualifie pour le second tour de l’élection présidentielle française avec 16.86% des suffrages en 2002. Plus encore, le Parti Autrichien de la Liberté (FPÖ) qui sous la direction de Jörg Haider s’est positionné à l’extrême-droite a obtenu 27% des suffrages aux élections législatives de 1999 et a donc pu participer au gouvernement autrichien avec le Parti Populaire Autrichien ÖVP jusqu’en janvier 2007. Plus récemment, le populisme de droite suisse a remporté une grande victoire avec le « Oui » à la votation « contre la construction de minarets » par 57.5% des voix en novembre 2009 ». En Scandinavie aussi, les mouvements d’extrême-droite connaissent une importante recrudescence.

En Europe de l’Est
En ex-Yougoslavie, les mouvements populistes sont particulièrement importants et virulents. En Croatie par exemple, le HSP (principal parti d’extrême droite) possède (comme beaucoup de partis d’extrême droite en Europe de l’Est) sa branche armée : Les « Forces Croates de Défense », qui traquent et agressent immigrés, gens du voyages et homosexuels. En Hongrie, le Jobbik, parti d’extrême droite tenant un discours extrêmement populiste (anti élites, anti tziganes et antisémites) a obtenu 47 sièges au parlement avec près de 17% des voix. Cette montée de l’extrême droite populiste semble s’affirmer dans de très nombreux pays d’Europe de l’est (Bulgarie, Roumanie, Macédoine…).
Les populismes régionalistes connaissent également une émergence particulièrement importante depuis plusieurs années (ligue du Nord en Italie, mouvements nationalistes flamands…)
Electorat :
Bien que les populismes de droites aient souvent un noyau dur d’électeur ultra-nationaliste et conservateur, Ils recrutent de plus en plus leur électorat dans les petites classes moyennes qui ont de plus en plus l’impression en Europe d’être celles à qui on demande toujours plus (notamment les commerçants et les artisans), mais aussi chez les ouvriers qui bien souvent, ont le sentiment d’avoir été trahis par la gauche traditionnel (ex : en France: tournant de la rigueur en 1983 sous Mitterrand).
b) Face à la montée des populismes, les actions des gouvernements divergent :
Au niveau européen, l’enjeu est de taille, puisque la plupart de ses mouvements menacent par leur idéologie même la construction européenne. En janvier 2000, « l’Europe des 14 » prend une décision historique en menaçant l’Autriche de sanctions diplomatiques si le FPÖ venait à participer au gouvernement car cette éventuelle participation faisait craindre une atteinte à la démocratie. Ces mesures furent appliquées après l’annonce de la formation de la coalition ÖVP/FPÖ. Si ces sanctions montrent une volonté réelle des responsables politiques européens de lutter contre le populisme en montrant aux électeurs de l’ensemble des pays de l’Union ce qu’il adviendrait si ils venaient à voter pour des partis populistes, elles ont aussi des effets pervers comme le fait de renforcer encore l’idée répandue chez nombres d’électeurs du FPÖ que l’Europe est néfaste aux intérêts de leur pays. Aussi les sanctions sont abandonnées au bout de quelques mois, la coalition ÖVP/FPÖ ayant prouvé que la démocratie autrichienne n’était pas remise en question.
Le problème s’est à nouveau posé face aux autres pays qui faisaient plus ou moins ouvertement participer des partis ou des responsables politiques populistes dans leur gouvernement. L’exemple le plus controversé est l’Italie de Berlusconi. Allié souvent avec la ligue du Nord, le président du Conseil Italien est aussi régulièrement accusé d’avoir parmi les hommes fort de son parti des personnalités proches des milieux néo-fascistes comme Gianni Alemanno, Maire de Rome. Ces accointances entre les milieux populistes et le pouvoir sont cependant difficiles à repérer et à combattre, d’autant plus que la censure des populismes extrémistes est souvent mal vu car contraire à la liberté d’expres​sion(L’Allemagne en revanche, peut dissoudre les partis jugés inconstitutionnels : article 21).

Conclusion : Le populisme est un sujet complexe du fait des diverses formes qu’il peut prendre. Mais il est de toute façon un enjeu majeur préoccupant pour l’Europe du fait de sa portée grandissante.

HugoB
Invité


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